Des bénéfices sont visibles à la maternelle dans le Connecticut mais pas dans les écoles supérieures aux Pays-Bas
Ces fameuses écoles ont beaucoup de fidèles et ils sont certainement de plus en plus populaires parmi les parents américains. Mais celles-ci sont-elles meilleures que les écoles traditionnelles, ou d’autres philosophies d’enseignement progressistes ?
On aurait dû connaître la réponse à cette question. Puisque ce type d’écoles existent depuis plus de cent ans, c’est-à-dire depuis la première école pour enfants pauvres créé par Maria Montessori à Rome en 1907. Au cours des dernières années, on assiste à une augmentation du nombre d’écoles Montessori aux États-Unis.
Ce phénomène est dû, en partie, aux nouvelles lois d’État. Celles-ci augmentent le financement pour l’ouverture d’écoles dans le secteur public.
Dans ce secteur justement et selon le National Center for Montessori, il existe aujourd’hui quelque 500 écoles publiques aux États-Unis, contre moins de 300 en 2000. Le nombre d’écoles privées Montessori estimé à environ 4 000 est également en hausse.
Peu de recherches prouvent que les élèves apprennent mieux en écoles Montessori
Pourtant, il y a eu très peu de recherches prouvant que les enfants apprennent mieux dans les écoles de Montessori que dans des cursus classiques.
Le problème principal est que vous ne pouvez pas affecter aléatoirement certains élèves aux écoles Montessori et étudier comment ils font par rapport aux élèves des écoles traditionnelles.
Ce choix éducatif de la part des parents est impactant. En effet, il est tout à fait possible que ces parents soient plus enclins à faire des études.
Les chercheurs ont aujourd’hui plus d’éléments pour leurs prochaines études. Grâce notamment à l’augmentation des écoles publiques de Montessori et leur type de recrutement.
Celui-ci passe par une loterie et la mise sous liste d’attente. C’est pourquoi, ils seront en mesure d’étudier la performance de ces écoles innovantes de manière plus impartiale.
Ils peuvent profiter de l’aspect aléatoire de ces loteries pour fiabiliser leurs résultats. Certains enfants gagnent une place dans une école Montessori alors que d’autres non. Vous pouvez également comparer la réussite des perdants de la loterie avec les gagnants.
Deux études réalisées par des pairs ont été publiées à l’aide de cette méthode et présentent des résultats mitigés
Récemment, deux études réalisées par des pairs ont été publiées à l’aide de cette méthode. Les résultats sont mitigés : prometteurs pour le préscolaire, moins prometteurs pour les élèves plus âgés du secondaire.
Dans l’étude sur les maternelles d’octobre 2017, publiée dans Frontiers in Psychology, six chercheurs se sont penchés sur deux écoles de Montessori à Hartford. Cette étude a été menée dans le Connecticut.
Toutes deux ont été reconnu par l’État comme des écoles publiques “aimantes” utilisant des programmes Montessori de très haute qualité. Elles attireraient les familles riches des banlieues vers les quartiers plus précaires de Hartford.
Certains des élèves qui fréquentaient les écoles publiques de Montessori avaient un revenu familial pouvant atteindre 200 000 $ par année. Les étudiants qui ont “perdu” à la loterie sont allés dans d’autres écoles maternelles.
La moitié d’entre eux ont fréquenté une école privée ; d’autres ont suivi un programme d’aide préscolaire financé par le gouvernement fédéral.
Les chercheurs ont testé environ 140 élèves à l’entrée en maternelle. Ils ont constaté que les enfants, qu’ils soient issues ou non de Montessori, ont commencé à l’âge de trois ans avec des résultats similaires.
Les 70 élèves qui ont fréquenté ces écoles particulières ont passé plus rapidement des tests de mathématiques et d’alphabet. Ceci au cours des trois années suivantes.
À la fin de la maternelle et de cette étude, les enfants de Montessori avaient des résultats nettement plus élevés.
Bien sûr, les enfants issus de famille favorisées ont surpassé ceux issus de famille à moindre revenu et ceci peu importe l’école.
Cependant, les chercheurs ont constaté que les enfants des familles plus précaires mais provenant d’écoles de Montessori avaient des scores beaucoup plus élevés en mathématiques et en littérature.
Alors que les enfants dans la même situation mais provenant d’autres écoles ont des résultats moins favorables.
De même, pour les enfants issus de famille favorisées et provenant des écoles de Montessori.
Ces derniers ont surpassé les enfants dans la même situation financière mais venant d’autres écoles, mais dans une moindre mesure.
La méthode Montessori est-elle vraiment à l’origine de ces résultats ?
On se demande si c’est la méthode de Montessori qui conduit les résultats. Ou bien si ces enfants de Hartford ont bénéficié de professeurs particulièrement compétents. Ces derniers auraient obtenu ces résultats sans cette méthode d’enseignement. Une théorie soutenue existe selon laquelle les éducateurs doués sont particulièrement attirés par la philosophie Montessori.
Même si ces résultats sont obtenus grâce à la méthode Montessori, on ne sait pas si l’ensemble du système complexe est nécessaire. De même, on ne sait pas si tous les matériaux en bois coûteux et les techniques d’enseignement, ou si d’autres éléments en sont les moteurs.
Les deux écoles de cette étude adhèrent strictement à la philosophie originale de Montessori. De nombreuses autres écoles se sont adaptées à l’époque, par exemple en intégrant des technologies. Également, elles ont complétant leur enseignement avec des programmes et des idées autres que Montessori.
Angeline Lillard est l’une des six auteurs de cette étude, elle est également professeur en psychologie à l’Université de Virginie. Elle espère réunir l’ensemble des preuves en faveur des écoles Montessori en répétant ces analyses dans d’autres villes.
L’étude Hartford fait suite à celle de Milwaukee de 2006, avec de meilleurs résultats pour les enfants ayant gagnés à la loterie
L’étude Hartford fait suite à celle de Milwaukee de 2006, publiée dans le magazine Science. Elle a également obtenu de meilleurs résultats pour les enfants ayant gagnés à la loterie.
Entre-temps, une étude publiée en septembre 2017 dans la revue Economics of Education Review a révélé des éléments contraires. Notamment qu’une éducation Montessori ne faisait aucune différence pour les adolescents.
Elle retrace le parcours des centaines d’étudiants, dont certains avaient gagné à la loterie pour fréquenter un lycée Montessori aux Pays-Bas.
En effet, aux Pays-Bas, les lycéens de Montessori n’ont pas fait mieux ou pire que les étudiants traditionnels.
Ils ont terminé leurs diplômes secondaires aux mêmes taux avec des notes similaires et les résultats des examens finaux.
L’auteur, Nienke Rujis, n’a également trouvé aucune différence sur les compétences générales.
Les élèves de Montessori ont montré des niveaux de motivation similaires, et n’ont pas obtenu de meilleurs résultats sur les mesures de l’indépendance.
Pourtant, ce sont les principales éléments qu’une éducation de Montessori prétend favoriser”, a écrit Rujis.
Lillard, qui a envoyé ses deux filles dans une école primaire de Montessori, soupçonne que la qualité inégale de l’enseignement pourrait expliquer pourquoi les écoles néerlandaises de Montessori n’ont pas prouvé leur supériorité.
“J’ai entendu parler de salles de classe pleines de matériel Montessori, mais les enseignants n’avaient aucune formation,” Lillard dit.
Compte tenu de la forte demande pour ces écoles, la qualité n’est probablement pas trop mauvaise. Cependant, il y a plus de variation entre les écoles secondaires, puisque le programme Montessori pour les élèves plus âgés est moins normalisé ou prescrit.
Une autre possibilité serait que Montessori fonctionne très bien avec les jeunes enfants. Mais les bénéfices et la précocité “s’estompent” à mesure que les élèves des écoles traditionnelles rattrapent le retard.
Par The Hechinger Report et traduit par AN-Agency.
